Évolution de la distribution de la productivité des entreprises québécoises entre 2005 et 2019
Dans quelle mesure l’augmentation des inégalités dans la productivité des entreprises se reflète-t-elle dans les inégalités de salaires ? La réponse dépend essentiellement du degré de transmission des différentiels de productivité en différentiels salariaux. Dans cette étude, les auteurs examinent cette question à partir des données de la Base de données canadienne sur la dynamique employeurs-employés (BDCEE) pour la période 2001-2019 et dégagent un ensemble de faits stylisés.
De 2001 à 2019, on observe une hausse sans équivoque des inégalités de productivité entre les entreprises au Québec, un résultat conforme à ce qu'on observe dans plusieurs autres pays. Cette tendance à la hausse est plus importante au Québec qu'en Ontario. Il est intéressant de contraster cette hausse des inégalités de productivité à la baisse des inégalités de revenus. Une explication possible est que la transmission des différences de productivité en différences de revenus ait aussi diminué au cours de la période. Plusieurs possibilités pourraient expliquer cette diminution et l’une d’elles serait une diminution de la mobilité de la main-d’œuvre. Les auteurs examinent cette question en effectuant des décompositions de la croissance de la productivité pour le cas particulier du secteur manufacturier. Ils montrent que la croissance de la productivité dans ce secteur provient très majoritairement de la croissance de la productivité à l’intérieur de l’entreprise. La réallocation de main-d’œuvre et l’effet net d’entrée contribuent assez peu à la croissance de la productivité.