COVID-19 – Réinventer nos modèles de gouvernance et d’opérations. Le point tournant pour le Canada et le Québec ?
Nous ne sommes vraisemblablement qu’aux premiers stades d’une série de crises en cascade, se répercutant dans le monde entier. La pandémie COVID-19 n’est pas seulement une urgence médicale et économique mondiale. Elle est peut-être un point de départ décisif pour le système mondial actuel de coopération politique et économique. Les grandes crises sont généralement des accélératrices de tendances, et celle-ci ne fera pas exception.
L’ampleur de cette crise ne peut être surestimée dans le contexte canadien. Elle est un signal de réveil urgent. La gravité de cette pandémie nous force non seulement à nous adapter, mais aussi à réinventer le fonctionnement de nos institutions et à adopter une nouvelle conception de notre façon de penser et de gérer les organisations publiques et privées de même que nos modes de collaboration. Nous ne pouvons exclure la probabilité d’une dépression économique. Dans de telles circonstances il est plus prudent de préparer le Canada pour une perturbation fondamentale et durable.
Les gouvernements au Canada se doivent de réinventer leurs modèles de gouvernance et d’opérations en instituant l’agilité, pour devenir des instruments d’adaptation au même titre qu’ils sont les architectes et les maitres d’œuvre de politiques publiques et de programmes. Les politiques et les chantiers qui seront nécessaires à la relance de l’économie canadienne seront plus importants que la crise du coronavirus elle-même : ils détermineront la prospérité et la qualité de vie des prochaines générations. L’innovation est la clé de voute de la gestion de la crise sanitaire actuelle et de notre adaptation à « la nouvelle normalité ».
Pour être efficace, la réponse du Canada ne peut être fragmentée. Elle doit non seulement être intégrée et cohérente, mais aussi être agile et centrée sur les résultats. La feuille de route recommandée par les Tables des stratégies économiques en 2018 ainsi que les instruments de politiques déployés depuis sont toujours valides. Ils doivent cependant être adaptés aux circonstances et à l’urgence d’agir et de produire des résultats à la hauteur de cette crise majeure, et de son impact massif sur l’économie canadienne.
Les pistes d’action proposées dans ce texte, s’inscrivent dans la continuité des initiatives prises et les investissements identifiés. Elles ne sont pas une défense du statu quo mais plutôt un point de départ pour la gestion conjointe selon un nouveau modèle agile de collaboration axée sur la mise en œuvre des solutions et de l’effort exceptionnel requis pour créer la nouvelle société et la nouvelle économie innovantes et résilientes auxquelles nous aspirons tous. Ainsi, la recommandation de la Table de stratégies économiques sur la santé, de créer une stratégie numérique de santé nationale comportant une plateforme de santé numérique interopérable devrait être mis en œuvre en toute priorité.
Le Canada a pris du retard dans le déploiement des stratégies des données et de l’intelligence augmentée au sein du gouvernement fédéral et de la plupart des autres juridictions au pays. À cet égard, l’absence d’une stratégie nationale intégrée est le maillon transformateur manquant dans la chaîne des instruments de politiques du gouvernement du Canada.
La feuille de route esquissée vers la « nouvelle normalité » post-COVID-19 et l’effort de relance nationale par l’innovation ne pourront atteindre leur plein impact sans accélérer et approfondir la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange canadien. La nécessaire entreprise fédérale provinciale de création d’un marché unique au Canada devrait se prolonger par la réalisation prioritaire conjointe des stratégies annoncées de modernisation des infrastructures du réseau de transport national. Le chantier intergouvernemental proposé sur le marché intérieur devrait être jumelé à un chantier national sur le commerce international et les chaînes d’approvisionnement.
Le modèle proposé de gouvernance et de coordination des chantiers stratégiques ne remet pas en question les responsabilités des différentes juridictions ni l’autonomie des différentes parties prenantes dans la gestion de la crise. Il a pour seul objectif de promouvoir une gestion conjointe, efficace et inclusive du développement et de la mise en œuvre du plan de relance notamment par les cinq chantiers stratégiques de portée transversale proposés dans ce rapport.