Une meilleure répartition des activités entre les travailleurs de la santé : État de la situation, contraintes et facilitants
L’organisation des services de santé québécois repose sur un ensemble de travailleurs de la santé appelés à collaborer pour répondre aux besoins de santé de la population. Le partage d’activités relatives aux soins et une meilleure utilisation des ressources sont vus par plusieurs comme faisant partie de la solution pour remédier aux problèmes d’efficience des systèmes de soins.
S’appuyant sur des entrevues avec des intervenants clés, l’étude que nous avons réalisée fait le point sur l’état actuel du partage d’activités relatives aux soins entre les médecins, les infirmières et les préposés aux bénéficiaires et en dégage les facteurs environnementaux qui influencent la répartition des activités entre eux. Les résultats démontrent que, malgré des avancées majeures ces dernières années, le partage d’activités entre ces travailleurs de la santé présente des lacunes et que le déploiement des pratiques infirmières n’est pas optimal. Les principales contraintes organisationnelles se situent au niveau des rôles, des structures et de la nomenclature complexe pour la profession infirmière, de la méconnaissance des compétences associées aux différents types de travailleurs, des difficultés d’intégration de certaines ressources et d’un manque d’encadrement et de soutien à réaliser les activités à partager.
L’étude cerne également les activités relatives aux soins ayant le potentiel d’être transférées ou déléguées dans le contexte actuel des milieux de soins qui vivent des pénuries relatives de main d’œuvre, ainsi que les conditions et les stratégies favorisant l’implantation de ces façons de faire. Finalement, elle apporte des éléments de réflexion sur la portée et les gains pour le système de santé des nouveaux scénarios organisationnels associés à un partage d’activités plus efficient. Les bénéfices se situent principalement (1) au niveau des travailleurs de la santé, accroissant leur motivation et satisfaction, (2) au niveau organisationnel en favorisant la collaboration interdisciplinaire et en optimisant les ressources en place, (3) au niveau des soins en augmentant la complémentarité, l’accessibilité et la continuité et, (4) au niveau du système en le rendant plus performant dans sa capacité de répondre aux besoins des patients.