Qui veut réduire ses heures de travail? Le profil des travailleurs adhérant à un programme de partage de l'emploi
Contrairement à leurs partenaires américains, les syndicats, les gouvernements, les entreprises ainsi que les travailleurs canadiens semblent s'ouvrir au débat sur les programmes de partage du travail. La volonté des travailleurs canadiens de changer les heures de travail a été mise en évidence par les enquêtes de Statistiques Canada. Par ailleurs, l'initiative des entreprises et l'implication des syndicats et des gouvernements sont néanmoins encore au stade d'apprentissage aussi bien dans le secteur public que privé. L'un des résultats qui a émergé des premières expériences québécoises en la matière, à savoir l'importance du caractère volontaire d'adhésion, est instructif pour les autres entreprises qui pensent s'engager dans cette voie (voir Huberman et Lanoie, 1999). Ce qui serait encore d'une grande importance pour ces entreprises c'est l'information sur le profil des travailleurs qui sont susceptibles d'adhérer à ces programmes. En se basant sur l'enquête sur les horaires et les conditions de travail (1995), Drolet et Morissette (1997) soutiennent que les travailleurs qui désirent diminuer leur semaine de travail sont des professionnels, des gestionnaires et des travailleurs du secteur des sciences naturelles et sociales, ont un revenu et un niveau de scolarité élevé, ont beaucoup d'ancienneté et occupent des postes permanents et travaillent déjà un nombre d'heures élevé. L'objectif de notre recherche consiste, dans un premier lieu, à enrichir ce profil par des caractéristiques liées à l'emploi que les enquêtes agrégées ne sont pas en mesure d'intégrer. De même, les résultats de notre enquête vont nous permettre de dégager les similitudes et les différences entre le profil des travailleurs qui ont l'intention d'accepter une réduction des heures de travail, mis en évidence par les enquêtes agrégées, et celui des travailleurs qui ont effectivement adhéré au programme de réduction des heures de travail. Notre enquête auprès d'ALCAN révèle que, contrairement aux enquêtes agrégées, les variables de capital humain (salaire, éducation), le statut marital, le sexe ainsi que la présence d'enfants en bas âge ne jouent aucun rôle dans la détermination de la probabilité à participer à un programme de partage de travail. Par contre, l'âge et l'ancienneté affectent à la baisse cette probabilité. Par ailleurs, ce qui est plus révélateur c'est le fait que l'attitude à l'égard du loisir (mesurée par les habitudes à mettre en banque les heures supplémentaires et le nombre de jours d'absence), ainsi que les caractéristiques de l'emploi occupé par les individus (horaire comprimé, possibilité de faire des heures supplémentaires, emploi de bureau, emploi relié aux opérations et services) sont les principaux déterminants des choix des individus en terme de réduction des heures de travail.
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