Repenser l’allocation des ressources humaines en santé : faut-il vraiment faire un choix entre CHSLD et hôpitaux ?
La COVID-19 est arrivée au Québec à la fin du mois de février avec un décalage de quelques semaines par rapport aux autres pays. Rappelons-nous de la Chine qui a construit des hôpitaux en un temps record pour être en mesure de répondre aux besoins des personnes infectées par la COVID-19. Devant la situation de l‘Italie, le gouvernement du Québec a décidé de réallouer massivement les ressources dans les hôpitaux et les soins intensifs pour ne pas avoir à expérimenter les décisions difficiles de choisir qui aura le droit au respirateur mécanique ou non. Le coût d’opportunité de cette réallocation des ressources était difficile à mesurer dans une situation sans cesse en changement qui évoluait au fil des heures. Dans ce contexte, 6 000 lits en soins hospitaliers ont été libérés au Québec.
C’est alors que la crise a vu le jour en CHSLD. Le nombre de décès en CHSLD révèle une réelle crise de notre système de soins de santé. Nos ainés les plus démunis vivaient dans des conditions précaires où l’équilibre entre les besoins des résidents et les ressources humaines disponibles pour y répondre était très instable et même insatisfaisant selon les résultats préliminaires d’une étude en cours. En 2018-2019, les ressources humaines disponibles dans les CHSLD de notre étude étaient en mesure de répondre à seulement 71% des besoins en assistance et en soins des résidents. Une étude similaire réalisée par Tousignant et al. à la fin des années 1990 montrait déjà un net déséquilibre avec une capacité de répondre aux besoins en assistance et en soins des résidents égale à 85% (Tousignant et al., 2003).