Analyse des motivations d’achat de camions légers au Québec
Le présent rapport s’inscrit dans la continuité d’une vaste étude débutée en 2020 afin de mieux comprendre la préférence croissante de la population canadienne pour les véhicules énergivores ainsi que les facteurs (politiques, économiques, sociaux, etc.) qui contribuent à l’augmentation des ventes de ce type de véhicules. Le CIRANO a déjà participé à cette étude en publiant deux rapports de projet en 2021 et ce nouveau rapport traite plus en détail de la situation au Québec, avec une attention particulière portée sur les habitudes d’utilisation des véhicules. Pour ce faire, une étude empirique a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 1 020 Québécois(es) propriétaires d’un véhicule à l’aide d’un questionnaire en ligne administré en juillet 2022.
L’enquête par questionnaire a fait ressortir quatre aspects majeurs qui influencent l’intention d’acheter un véhicule de type VUS : les caractéristiques du véhicule (comme l’importance accordée à une position de conduite élevée et à une transmission à quatre roues motrices), les aspects démographiques (comme le fait de vivre dans une région rurale et d’avoir un revenu familial plus élevé) et les facteurs psychologiques (comme l’importance des valeurs hédoniques et égoïstes). Mais c’est surtout la nature du véhicule principal qui est la variable qui se distingue avec le plus grand effet (β = 0,451) sur l’intention d’achat de VUS. Ainsi, conformément aux résultats de 2020, le facteur le plus important pour expliquer l’intention d’achat futur d’un VUS est la possession préalable d’un VUS. 67 % des propriétaires de VUS ont affirmé qu’il était extrêmement probable ou très probable qu’ils achètent un VUS comme prochain véhicule contre seulement 24 % des propriétaires de berline. Ces résultats renforcent la conclusion que le fait de posséder un VUS est le meilleur prédicteur d’une haute intention d’achat de VUS pour le prochain véhicule et souligne l’importance des interventions visant les premiers acheteurs et les premières acheteuses.
Les résultats de l’enquête suggèrent également que la réduction de la possession de voiture parmi les propriétaires sera fortement difficile, puisque ceux-ci considèrent leur véhicule comme indispensable, et ce quel que soit le type de véhicule possédé, quoique les propriétaires de berlines soient néanmoins significativement les moins nombreux à considérer leur véhicule comme indispensable. Bien que les répondant(e)s considèrent généralement leur véhicule comme indispensable, ils ou elles ne l’utilisent guère au maximum de sa capacité, ni en ce qui concerne les sièges du véhicule ni en ce qui concerne l’espace de rangement. En moyenne, 35 % des répondant(e)s indiquent qu’au moins 3 places de leur véhicule sur 5 sont occupées au moins une fois par semaine. La plus grande part affirme toutefois que cela n’arrive que quelques fois par année (40,1 %), voire jamais pour 13,6 % des répondant(e)s. Les mêmes ordres de grandeur sont observés en ce qui concerne l’utilisation de l’espace de chargement. En revanche, les conducteur(trice)s de VUS sont significativement plus nombreux que les conducteur(trice)s de berline à utiliser fréquemment la majorité des sièges de l’habitacle ainsi que la pleine capacité du coffre. Pourtant, lorsque l’on contrôle pour d’autres variables sociodémographiques, le type de véhicule conduit n’est généralement pas un facteur explicatif de la fréquence d’utilisation de la pleine capacité de notre véhicule, que l’on parle de sièges ou du coffre, mais c’est plutôt le fait d’avoir des enfants qui est la variable avec le plus grand pouvoir explicatif.